Le Musée McCord Stewart met la table pour une exploration passionnante de l'histoire sociale de Montréal avec son exposition "Au menu. Montréal: une histoire de restaurants" (prévue du 26 novembre 2025 au 18 octobre 2026).

 Inspirée par la critique gastronomique Lesley Chesterman, cette exposition met en lumière l'évolution de la restauration montréalaise des années 1960 à aujourd'hui.

De la simplicité emblématique d’un Bens Delicatessen ou du Montreal Pool Room aux sommets de la haute gastronomie comme Toqué ou Au Pied de Cochon, le musée démontre comment le restaurant est devenu un lieu central dans la construction de l'identité québécoise.

 L'exposition, riche en archives et objets d'époque (comme des menus du Kon Tiki ou de La Tour Eiffel), sert de point de départ idéal pour comprendre le statut actuel de Montréal en tant que capitale gourmande.

.L'exposition, riche en archives et objets d'époque, sert de point de départ idéal pour comprendre le statut actuel de Montréal en tant que capitale gourmande

L'Historique de la Bouffe à Montréal

L'histoire culinaire de Montréal est intrinsèquement liée à son histoire d'immigration et d'échanges.

 Initialement basée sur les traditions des Premières Nations et des colons français, elle s'est enrichie dès le XIXe siècle avec l'arrivée de diverses communautés.

Les plats emblématiques qui rayonnent aujourd'hui témoignent de ce métissage :

• Les Fondations Immigrationnelles : L'arrivée des communautés juives d’Europe de l’Est a donné naissance au smoked meat et au bagel montréalais, des classiques qui définissent la cuisine de rue.

• La Révolution de la Restauration Rapide : Des années 1940 aux années 1960, la poutine, née au Québec rural, s'est popularisée dans les casse-croûtes urbains aux côtés des hot-dogs steamés et frites-sauce, créant un pan entier de la culture culinaire québécoise.

• L'Effet Expo 67 : L'Exposition universelle de 1967 a agi comme un catalyseur en introduisant une explosion de saveurs et de concepts internationaux.

   Ce fut un tournant majeur qui a encouragé l'ouverture et la diversification culinaire de la ville.

1. Les Trésors Nés de l'Immigration

Les communautés venues d'ailleurs ont non seulement ouvert des restaurants spécialisés, mais ont surtout introduit des plats qui sont rapidement devenus des incontournables montréalais :

• Le Smoked Meat et le Bagel : Ce sont les communautés juives d'Europe de l'Est (dès la fin du XIXe siècle) qui ont introduit ces classiques.

Le smoked meat et le bagel au four à bois, distinct du bagel new-yorkais, sont désormais des symboles alimentaires de la ville, consommés par tous les Montréalais.

• La Pizza et le Spaghetti : Après la Seconde Guerre mondiale, l'arrivée massive d'immigrants italiens a fait de la cuisine italienne une composante essentielle de la diète québécoise.

  La pizza (sous toutes ses formes) et le spaghetti sauce à la viande sont devenus des plats de famille et des menus de restaurants populaires.

• Les Mets Chinois (Cantonnais) : Présents depuis la fin du XIXe siècle, les restaurants chinois ont longtemps offert une cuisine d'adaptation (comme le Chop Suey).

Aujourd'hui, ils offrent un large éventail de cuisines régionales (Sichuan, Dim Sum), mais les plats "classiques" demeurent une nourriture réconfortante populaire et accessible.

• Les Brochettes Grecques (Souvlaki, Gyros) : L'immigration grecque, significative à partir des années 1960, a solidement ancré ces saveurs méditerranéennes.

Le souvlaki et le gyros font désormais partie du paysage des fast-foods et des déjeuners quotidiens.

• Le Falafel : L'arrivée des communautés du Moyen-Orient a popularisé ces boulettes de pois chiches frites et le shawarma, souvent servis en sandwich, devenant des options de restauration rapide saines et très répandues dans tous les quartiers.

2. Les Classiques Locaux et le Catalyseur Expo 67

• La Poutine : Née au Québec rural (souvent citée autour des années 1950-1960), la poutine a été adoptée dans les centres urbains comme Montréal par le biais des casse-croûtes et est aujourd'hui un emblème national.

• Le Poulet Rôti (Rôtisseries) : Le concept du poulet rôti servi avec frites et sauce a été popularisé à grande échelle par des chaînes québécoises comme St-Hubert à partir des années 1950.

Ces rôtisseries ont transformé un plat familial en une formule de restauration de masse, livrée à domicile, adoptée par toute la population.

• L'Effet Expo 67 : L'Exposition universelle de 1967 a agi comme un tremplin, non pas pour introduire un plat unique, mais pour diversifier les goûts et ouvrir les Montréalais à une cuisine globale sophistiquée.

Elle a légitimé l'expérimentation et l'acceptation de cuisines étrangères jusque-là marginales, préparant le terrain pour la grande diversité actuelle.

3. Calendrier des Tendances : De la Tradition à la Transition Socio-Écologique

Le paysage gastronomique montréalais a évolué selon des vagues successives, chacune reflétant des changements sociaux et économiques

L'histoire culinaire de Montréal est intrinsèquement liée à son histoire d'immigration et d'échanges.

Elle s'est enrichie par des vagues migratoires successives, transformant des plats communautaires en piliers de la cuisine de toute la population:

4. L'Historique Interculturel : Le Menu du Montréalais

L'histoire culinaire de Montréal est l'histoire de ses vagues d'immigration. Plusieurs mets populaires, adoptés par toute la population, témoignent de cet héritage.

Un miroir vivant de son histoire sociale, où chaque assiette, qu'elle contienne du smoked meat ou du poulet rôti, raconte une histoire de rencontre et d'adoption

La gastronomie n'est pas qu'un fait culturel, c'est une force économique majeure à Montréal.

5  Un Secteur de Milliards

La gastronomie n'est pas qu'un fait culturel, c'est une force économique majeure à Montréal :

• Chiffre d'Affaires et PIB : Le secteur des services d'hébergement et de restauration (SHR) contribue de manière significative au PIB de l'agglomération de Montréal, estimé à environ 3,1 milliards de dollars (chiffre pré-pandémique). Les dépenses annuelles de restauration dans la province se chiffrent en milliards, Montréal étant le principal marché.

• Emploi : Le secteur emploie plus de 75 600 personnes dans la région métropolitaine, jouant un rôle crucial dans l'emploi des jeunes et l'intégration professionnelle.

• Fréquentation et Dépenses : Récemment, les consommateurs montréalais consacraient près de 40 % de leur budget alimentaire à la restauration, démontrant l'ancrage profond du repas à l'extérieur ou à emporter dans le mode de vie urbain. Ce pourcentage a baissé à cause de l'inflation et autres problèmes économiques actuels.

Chaînes et Moteurs Économiques de la Diversité

Des entreprises montréalaises sont devenues des symboles de cette réussite économique interculturelle :

• Local/Québécois : Des chaînes comme St-Hubert ont transformé le poulet rôti en moteur de croissance. Des institutions comme Schwartz’s Deli, Lester's et Snowdon Deli (smoked meat) et les célèbres St-Viateur et Fairmount (bagels) génèrent un important tourisme gastronomique.

• Immigration/Diversité : Les grandes épiceries et fruiteries spécialisées (ex.: Milano Fruiterie pour l'Italie, Kim Phat pour l'Asie), ainsi que les chaînes de restauration rapide issues de l'immigration (ex.: chaînes de Souvlaki, Amir/Boustan pour le Moyen-Orient), témoignent d'une économie qui s'est construite sur la diversité des saveurs, créant des milliers d'emplois dans les communautés.

6. Impact Économique :

L'industrie de la restauration et de la gastronomie est reconnue par la Ville de Montréal et ses partenaires comme un levier économique essentiel.

1. Attractivité Touristique et Rayonnement International : La diversité et la qualité de l'offre culinaire sont des facteurs majeurs d'attraction touristique.Les grandes tables, les marchés publics et les festivals gastronomiques contribuent directement au rayonnement de Montréal sur la scène mondiale, injectant des revenus considérables dans l'économie locale.

2. Création d'Emplois et Soutien aux Producteurs : Le secteur est un employeur important, allant des établissements indépendants aux grandes chaînes.

   Le développement d'une haute gastronomie axée sur le terroir favorise directement l'écosystème agricole et de transformation alimentaire, en offrant des débouchés aux producteurs de niche du Québec

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3. Vitalité des Quartiers : Les restaurants, des petits cafés aux adresses étoilées, sont des marqueurs sociaux et architecturaux qui contribuent à la vitalité, à la mixité et à la sécurité des quartiers. Ils sont souvent le point de rencontre et d'ancrage des différentes communautés résidentielles.

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